Énergies Collectives
Reprenons la main sur notre énergie en Embrunais-Savinois !

Accueil > En pratique > Ressources > Documentation > L’époque Essenciel > Les monnaies locales, septembre 2012

Les monnaies locales, septembre 2012

vendredi 22 mars 2013

Un forum de discussion sur les monnaies locales a également été organisé lors de la foire bio d’Embrun 2012. Quatre petits groupes de discussion ont été mis en place, puis les participants ont discuté une quinzaine de minutes sur une question tirée au hasard.

Les discussions ont fait émerger les points suivants :

1. Première question : tout commerçant peut-il entrer dans le circuit ?

Cette question amène à faire la distinction entre deux points : le commerçant peut-il ? / Le commerçant veut-il ? La question peut-il rejoint la question éthique, la règle que se fixent éventuellement les utilisateurs de la monnaie locale, en lien avec la nature ou le montant des achats possibles par exemple. La question du vouloir pousse à réfléchir sur l’aspect communicationnel de la monnaie, très important à envisager pour le lancement et la pérennisation d’une monnaie locale complémentaire.

2. Deuxième question : Qu’apporte la monnaie locale à ceux qui l’utilisent ?

Du côté négatif d’abord, la monnaie locale oblige le consommateur à avoir deux monnaies différentes, ce qui peut s’avérer un frein (question toute pratique du double compartiment dans le porte-monnaies !). Le fait d’avoir à trouver des commerçants qui acceptent la monnaie relève des difficultés de lancement, au départ.
Du côté positif, la monnaie locale permet le développement de la consommation locale, favorisant les commerçants et producteurs du coin ; elle contribue à la réduction des circuits, à la limitation de la tendance à l’achat par internet. Elle permet aussi de trouver des produits de proximité en un minimum de temps.
La discussion fait aussi émerger l’importance de la prise de conscience permise par l’utilisation d’une monnaie complémentaire, en remettant sur le devant de la scène l’aspect « troc » (moyen d’échange) d’une monnaie qui ne peut plus « travailler » (utilisation spéculative des monnaies officielles).
Au final, une monnaie locale complémentaire contribue à la re-création de lien social.

3. Troisième question : Qui peut initier une monnaie locale ?

Chaque citoyen convaincu et porteur d’idées peut initier une monnaie locale : consommateurs, associations, toute personne individuelle qui veut changer le fonctionnement de la monnaie, sortir de la monnaie unique. En somme, tout acteur économique peut initier une monnaie locale.
Une question est soulevée par un participant : quand on parle de l’échelle individuelle, le risque n’est-il pas de trop multiplier les initiatives de monnaies locales ? Certes, la coexistence de plusieurs monnaies sur un même territoire paraît délicate (sauf si elles ont des moyens et visées différentes : exemple : le SEL et une monnaie plus généraliste) ; en revanche, l’imbrication de monnaies à différentes échelles ne paraît pas poser de problème. L’exemple du PROVENSOL, monnaie dont la création vient d’être initiée à l’échelle régionale, et qui pourrait coexister avec des monnaies strictement locales.
L’évocation du Provensol soulève la question du seuil critique. En effet, l’association qui a lancé cette monnaie attend que 30 000 adhérents soutiennent le projet pour lancer la monnaie. Est-ce que dans ces conditions, créer une monnaie purement locale, avec par définition un cercle très restreint d’usagers, peut avoir du sens tout de même ?

4. Quatrième question : Comment une monnaie locale peut-elle multiplier par deux la richesse en circulation dans l’économie locale ?

Une monnaie locale complémentaire crée un effet de développement de l’économie locale, un cercle vertueux qui multiplie les échanges, donc la richesse.
D’autre part, le fait qu’elle soit fondante peut générer de la monnaie.
Le fait que les usagers déposent des euros pour les changer contre de la monnaie locale induit l’existence de deux fois plus de monnaie, l’une (l’euro) servant de garantie à l’autre (monnaie locale). Au-delà d’un seuil critique, une partie de l’argent déposé peut éventuellement servir à financer des projets locaux à court voire à moyen terme ; c’est cependant ce mécanisme utilisé par les banques qui a créé certains des déséquilibres actuels, tout est donc question de proportion (une banque n’a en dépôt qu’un montant infime de la monnaie qu’elle crée sous forme de prêt, mais l’association en charge d’une monnaie locale complémentaire pourrait au contraire ne prêter qu’une faible part de l’argent qu’elle a en dépôt, et ce pour des projets solidaires et éthiques).
Les participants à la discussion soulignent l’intérêt de l’existence de monnaies locales complémentaires en cas d’effondrement de l’euro : il resterait en effet une monnaie locale qui continuerait de façon plus stable à servir de moyen d’échange. En Argentine, les monnaies locales complémentaires ont beaucoup aidé les citoyens lors de la crise des année 2000.

DISCUSSION : Comment cela se passe-t-il en Avignon ?

L’expérience de la Roue, monnaie locale complémentaire d’Avignon, est présentée par Anne-Marie qui a participé au lancement de cette monnaie.
Il s’agit d’une monnaie fondante (chaque billet perd 3% de sa valeur tous les 6 mois) ; les euros déposés par les membres du réseau sont déposé au crédit coopératif via la Nef. La charte de la Roue a été discutée et élaborée longuement, afin d’être sûr que chaque membre respecte une certaine « éthique » de fonctionnement de la monnaie.
Un participant souligne que le lancement d’une telle monnaie suppose que l’économie soit relocalisée ; certes la monnaie elle-même y contribue, mais d’autres leviers doivent être mis en place en parallèle dans le but de réorienter l’économie.

LES POST-IT :

Chaque participant a été invité à écrire sur post-it les points qui lui paraissaient particulièrement intéressants et les principaux obstacles au lancement d’une monnaie locale complémentaire. Les points soulevés sont les suivants :

Points intéressants :

-  Le lancement d’une monnaie à l’échelle régionale avec un réseau seuil de 30000 personnes (Provensol)
-  L’aspect du soutien en cas d’effondrement de l’euro
-  La consommation locale
-  La convivialité, créer du lien
-  La solidarité
-  Promouvoir l’initiative locale, et multiplier ainsi la richesse locale
-  Sortir de la monnaie unique
-  Déraciner les fausses croyances concernant l’argent
-  Remettre l’être humain en valeur par son savoir-faire
-  La possibilité de pouvoir éventuellement payer une partie des salaires en monnaie complémentaire (élargissement de la boucle de circulation)

Principaux obstacles :

-  La nécessité de choisir les commerçants pouvant entrer dans le réseau
-  Le fait que le système soit « toléré » par l’administration et les banques n’empêche pas d’inévitables conflits si le système prend trop d’importance
-  Problèmes ou questionnements d’ordre éthique.