Énergies Collectives
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La transition, septembre 2012

lundi 3 mars 2014

Lors de la foire bio d’Embrun 2012, nous avons organisé un forum de discussion sur la transition.

Cinq petits groupes de discussion ont été mis en place, puis les participants ont discuté une quinzaine de minutes sur un aspect de la transition tiré au hasard.

Les discussions ont fait émerger les points suivants :

1. Premier aspect : aller au travail, partir en vacances, avoir des loisirs.

Le premier point est de moins se déplacer, de faire en sorte que les domiciles se rapprochent des lieux de travail et inversement. On peut aussi redécouvrir des lieux peu lointains en vacances, partir un week-end en vélo dans la Drôme plutôt qu’en avion en Sicile. Les solutions numériques telles que le télétravail permettent aussi de réduire les déplacements. Diverses solutions doivent être trouvées afin de permettre, en nuance et suivant les moments, de choisir de se déplacer ou pas.
Le second point est de se déplacer autrement. Les transports collectifs peuvent ainsi être développés, harmonisés, rendus cohérents. Les différents modes de transports doivent aussi être rendus cohérents entre eux. Exemple du vélo, du vélo électrique, du vélo-train. Les systèmes partagés ont eux aussi de l’avenir (auto-partage, covoiturage…). Un véhicule en circulation contient en moyenne un à deux occupants : le covoiturage est un réel moyen de diminuer le nombre de voitures ; il est nécessaire de mettre en place des parkings dédiés etc.
Le point d’interrogation : il est lié aux développements récents de l’industrie : voitures électriques, etc. Ces développements répondent à la question de la dépendance au pétrole, pas à la question des énergies dans leur ensemble (en tout cas pour les voitures électriques) et surtout, pas à la question sociale ni à la question économique liée à l’engorgement des axes de circulation et à la dépendance générale à la voiture. Ces développements ne changent pas le système de mobilité.

2. Deuxième aspect : production de biens de consommation, industrie.

-  Mieux cibler la production des biens.
-  Concernant les industries locales dans la région : relocaliser aussi la distribution ! Les industries locales peuvent être surtout pourvoyeuses de biens de consommation locaux ou régionaux.
-  Faire en sorte que l’industrie prenne plus de temps pour la création des biens de consommation, qui devraient être de plus grande durabilité et qualité.
-  Pour la distribution : la distribution fluviale devrait être développée au détriment de la distribution routière.
-  Revaloriser les savoir-faire traditionnels moins consommateurs d’énergie, arrêter de toujours remplacer ces savoir-faire par des machines simplificatrices et énergivores.
-  Changer les mentalités de consommation.

3. Troisième aspect : relations sociales.

Les participants relèvent la difficulté de changer les mentalités pour retrouver des relations plus humaines. Faut-il passer par la règle, la loi ? Comment passer du tout individuel à plus de collectif ?
Une question qui se pose concernant les formes anciennes de collaboration : était-ce « subi » de travailler ensemble ? Le manque d’énergie va-t-il être source de tensions ou de nouvelles fraternités ?
Concernant les différences entre villes et campagnes, il y en a certes, mais un lien commun existe, qui est fondamental : recréer de nouvelles solidarités et façons de vivre et travailler ensemble est indispensable partout.
Il est nécessaire d’anticiper, sans quoi la gestion de ces aspects relationnels en situation de crise pourrait être difficile et générer des tensions et conflits importants. La question est donc finalement : comment faire basculer les choses du bon côté ? (rejoint la « sortie barbare du capitalisme » d’A. Gorz / approche de transition qui rend indispensable l’anticipation pour éviter cette sortie barbare).

4. Quatrième aspect : agriculture et élevage.

Il est difficile de parler d’agriculture en envisageant uniquement le problème de l’énergie : le problème de l’eau est tout aussi fondamental, les deux problèmes s’imbriquent souvent.
-  Le lien avec la consommation est évident : que consommer, comment, avec quels impacts sur l’agriculture ? Les consommateurs ou groupements de consommateurs ont un certain pouvoir sur la question.
-  Il y a beaucoup de gâchis sur la nourriture, il faut réfléchir à le réduire.
-  La question de la taille des exploitations se pose : dans un modèle idéal énergétiquement, les structures agricoles deviendraient sans doute plus petites et plus nombreuses, et moins mécanisées.
-  La mise en commun de matériel est indispensable, suivant le modèle des CUMA.
-  Une question concerne le foncier agricole : celui-ci ne devrait-il pas relever du bien commun, de l’intérêt général ? Ne devrait-on pas dans ce cas remettre en cause la propriété privée du foncier ? La remise en cause de la Politique Agricole Commune est en tout cas certainement nécessaire, avec ses primes à l’hectare et non à l’actif, et ses « droits historiques » qui tendent à pérenniser des situations de rente au détriment de l’évolution du foncier agricole.
Au final, il semble que notre capacité de levier essentielle actuellement et à notre échelle soit notre façon de consommer et d’envisager nos besoins. Mais quels sont les partis politiques qui appellent à moins de croissance… ?!

5. Cinquième aspect Construction des maisons et urbanisme.

-  Première question : où construire ? Loin des villes, les prix sont moins élevés mais le mitage agricole devient extrêmement problématique. Les déplacements sont nombreux, il faut plusieurs voitures par ménage, etc. D’où nécessité de relocaliser la construction, densifier les centre-villes ou les villages, mener des opérations d’urbanisme de toute petite envergure dans les « dents creuses », etc.
-  Seconde question : que construire ? Des appartements ? Des maisons groupées ? Individuelles ? Bien évidemment, le collectif ou au moins le petit collectif sont les plus intéressants en termes d’énergie, de compacité, d’utilisation de foncier.
-  Troisième question : comment construire ? Réfléchir en termes d’orientation des maisons en fonction de l’ensoleillement, de meilleure isolation, d’énergies renouvelables. Les maisons et quartiers passifs sont évoqués ; les coûts de construction sont certes souvent augmentés (mais ça n’est pas toujours le cas, et cette augmentation ne tient pas compte du long terme : sur la durée de l’emprunt par exemple, si l’on inclut les factures énergétiques, l’augmentation de coût n’est plus vraiment évidente…).

6. Sixième aspect (non traité) : transport des marchandises.

Aucun groupe n’a traité cette question, cependant un point a été soulevé pendant la discussion, celui du choix de nos consommations. La consommation locale devrait absolument et systématiquement être privilégiée…

DISCUSSION :

Le débat a été lancé sur les échelles : entre l’échelle de l’individu (les « gestes quotidiens pour la planète » qui nous paraissent plus ou moins inutiles tant ils sont une goutte d’eau dans l’océan) et l’échelle mondiale (qui paraît inatteignable tant les logiques de l’économie actuelle nous dépassent), n’existe-t-il pas une échelle que l’on pourrait nommer la « communauté locale », qui permet plus facilement de mettre en place de réelles solutions avec des impacts non négligeables sur l’ensemble du système ? C’est cette échelle que met en avant l’approche de transition.
Pour rebondir là-dessus, Mariette évoque les monnaies locales complémentaires, façon de recréer des échanges localisés et du lien économique et social à l’échelle locale.
Deux participants champsaurins évoquent quant à eux leur expérience d’AMAP, de laquelle est née l’idée de créer un lieu de commercialisation de produits locaux, qui soit aussi un lieu d’expérimentation de nouvelles pratiques. L’association a été créée en 2010, et le « cafépicerie » a été ouvert en mai 2012. Le conseil régional, la Fondation de France et l’Union Européenne ont participé au financement. Les débuts sont encourageants, mais des questions se posent bien sûr quant à la viabilité économique au moment où les aides diminueront. Malgré des marges faibles, les prix restent évidemment plus élevés qu’ailleurs. L’objectif maintenant est donc de créer du lien à l’échelle locale, en direction des associations et des habitants du coin (moments conviviaux, événements, présences sur les foires…).
Dans le Champsaur existe aussi « Chemins de traverse », qui promeut notamment le « covoiturage instantané » (à mi chemin entre stop et covoiturage). L’association organise aussi des journées pédagogiques dans les écoles, afin de retrouver des sensations avec la nature, la terre : l’idée qui sous-tend cette action est que les parents peuvent aussi être éduqués par leurs enfants !


LES POST-IT :

Chaque participant a été invité à écrire sur post-it les points qui lui paraissaient particulièrement intéressants et les principaux obstacles à l’approche de transition. Les points soulevés sont les suivants :

Points intéressants/leviers d’action principaux :

-  Vivre ici, travailler ici, se distraire ici, se cultiver ici, consommer ici.
-  Consommation modérée.
-  Transmission des valeurs et savoir-faire
-  Remettre plus de partage dans nos habitudes
-  Relier les différentes problématiques.
-  Donne l’occasion d’agir concrètement.
-  Se déplacer à vélo et sur la Durance.

Principaux obstacles :

-  Utiliser moins de carburants fossiles
-  Les coûts de la construction
-  Le problème du crédit bancaire
-  Changer les mentalités est une tâche difficile et immense.